Auteur d’un doublé et impliqué sur les deux autres buts de Dijon à Nice (4-0), l’attaquant guinéen Jules « Baba Neymar » Keita illustre la capacité de ce club aux moyens modestes à dénicher des talents dans les divisions inférieures.
Au moment de recevoir Caen samedi (20H00), ce n’est pas la recrue vedette Yoann Gourcuff qui suscite l’effervescence en Bourgogne. Remplaçant, le Breton n’est même pas entré en jeu face aux Aiglons. Mais c’est bien un attaquant de poche (1,68 m, 56 kg), âgé de 20 ans, engagé au printemps à compter du 1er juillet.
Keita n’avait alors plus de club depuis un an et la liquidation de Bastia, qui l’avait détecté et où il était stagiaire pro, évoluant en réserve (N3, 2016-2017).
Il a pourtant démoli les Niçois en une demi-heure.
– Plus fort que Neymar –
Après avoir provoqué le coup franc à l’origine du premier but inscrit par Nayef Aguerd, il a délivré une passe décisive à Oussama Haddadi avant de marquer deux fois, dont une à la conclusion d’une action individuelle rappelant un but de Neymar, inscrit à Toulouse le 20 août 2017.
« Je peux être encore plus fort que lui, Inch’Allah ». Cette phrase lancée avec plus de fraîcheur que de vantardise samedi au micro de Canal+, par Jules Keita au sujet de la vedette brésilienne du PSG, son idole, a fait le tour du web.
En Guinée, où il est international U20, il est déjà « Baba Neymar ».
Formé au FC Atouga, il avait été repéré par Bastia sur une Coupe d’Afrique des moins de 17 ans, mais il s’était aussi illustré aux Mondiaux U17 et U20.
Son père, Mamadou Aliou Keita, international guinéen reconnu, était déjà surnommé « Njo Léa », en référence à l’attaquant camerounais de Saint-Etienne et Lyon dans les années 1950.
Avant ses exploits à Nice, Jules Keita était entré en jeu à Montpellier, provoquant un penalty, manqué par Wesley Said, mais aussi contre Nantes en fin de partie.
« Il a du talent, il va très vite avec le ballon mais il faut encore le façonner, sur le terrain et en dehors », a tempéré son entraîneur Olivier Dall’Oglio.
Au club, ce joueur encore très jeune bénéficie de toutes les attentions pour faciliter son adaptation et faire face au dépaysement.
– Stratégie payante –
Avec lui, le DFCO casse une fois de plus les codes de recrutement.
« Nous sommes en éveil sur tout. Nous n’avons pas de réseau exclusif. Nous obtenons nos informations auprès d’agents, d’entraîneurs, de joueurs en activité ou non », explique Sébastien Larcier, responsable de la cellule de recrutement.
« Pendant plusieurs années, nous avons beaucoup recruté dans les divisions inférieures », rappelle-t-il citant Baptiste Reynet (Martigues), Pierre Lees-Melou (Lège-Cap Ferret), Loïs Diony (Mont-de-Marsan), Julio Tavarès (Bourg-en-Bresse), Arnaud Souquet (Le Poiré-sur-Vie) ou encore Valentin Rosier (Rodez) et Benjamin Corgnet (Chasselay).
Encore cet été, Senou Coulibaly a rejoint Dijon en provenance de Mantes-la-Jolie.
Cette stratégie d’accorder « une seconde chance » à des joueurs sortis, voire oubliés, du circuit professionnel a souvent été payante.
« Bien sûr, nous avons aussi des échecs, c’est logique », poursuit Larcier, soulignant qu’il était « de plus en plus difficile de recruter en Ligue 2 car les joueurs sont de plus en plus onéreux ».
« C’est la raison pour laquelle nous nous tournons un peu plus vers l’Europe mais aussi l’Afrique, l’Amérique latine ou l’Asie », comme pour le Coréen Kwon Chang-hoon, ajoute-t-il.
« Avec Olivier Dall’Oglio, nous nous connaissons très bien et nous savons quel type de joueur il souhaite en fonction de sa philosophie de jeu. Donc, plutôt des joueurs techniques », décrit Sébastien Larcier.
Un profil collant donc parfaitement à celui de Jules Keita, un joyau à polir pour briller en Ligue 1.