La justice nigérienne a condamné mardi à trois mois de prison avec sursis quatre figures majeures de la société civile détenues depuis mars, après une manifestation interdite, a rapporté un de leurs avocats.
« Les principaux acteurs de la société civile (Ali Idrissa, Moussa Tchangari, Nouhou Arzika et Me Abourahamane Lirwana) sont condamnés à trois mois de prison assortis de sursis », a déclaré à la presse Me Boudal Effred Mouloul.
Le ministère public avait requis trois ans de prison ferme contre eux.
Après avoir déjà passé trois mois en prison, « ils vont tous sortir libres aujourd’hui et regagneront leur famille », a assuré Me Effred Mouloul.
Cependant selon une source judiciaire, Me Lirwana devra rester en prison après avoir été condamné lundi à deux ans de prison dont un avec sursis pour « outrage à magistrat » lors du procès.
Amnesty International a qualifié d' »encourageante » la décision du tribunal. Mais les quatre hommes « n’auraient jamais dû être arrêtés ». « C’était un procès politique », a régi l’organisation de défense des droits de l’homme dans un communiqué.
Me Effred Mouloul a regretté que d’autres prévenus jugés avec les activistes aient été « condamnés à un an dont six mois assortis de sursis ». Deux autres sont relaxés « pour insuffisance de preuves », ont affirmé leurs proches.
Au total 24 personnes o
nt comparu le 11 juillet pour « organisation et participation à une marche interdite » et « complicité de dégradations de biens publics et privés », selon leur avocats.
Toutes avaient été arrêtées le 25 mars après des heurts à Niamey entre les forces de l’ordre et des manifestants qui voulaient braver l’interdiction par les autorités d’une manifestation contre la loi de finances 2018 qu’ils jugent « antisociale ». Deux autres activistes arrêtés et écroués le 15 avril dans des circonstances similaires attendent d’être jugés.
Entre octobre 2017 et mars 2018, un collectif de la société civile, de l’opposition politique et de quelques syndicats ont organisé des manifestations pour demander « l’abrogation » de la loi de finances. Les protestataires reprochent au gouvernement d’avoir créé de nouvelles taxes et de nouveaux impôts et surtout d’avoir « accordé des cadeaux fiscaux d’une vingtaine de milliards de francs CFA » (une trentaine de millions d’euros) aux compagnies de téléphonie.
En avril, le président nigérien Mahamadou Issoufou avait estimé que la loi de finances « répondait aux aspirations du peuple nigérien » et que sa contestation par « une minorité », devait « s’exercer dans le cadre des lois en vigueur ». La fronde s’est estompée depuis l’arrestation de ses principaux meneurs.
Pour Amnesty, les autorités nigériennes doivent « mettre fin à la répression » et « libérer immédiatement les autres défenseurs des droits humains emprisonnés depuis près de quatre mois ».