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Maroc: jour de dépistage du sida presque ordinaire à Salé la religieuse

Maroc: jour de dépistage du sida presque ordinaire à Salé la religieuse
« Je n’ai rien… », lance Asmaa, soulagée. Foulard noir sur la tête, la jeune femme descend du camion où elle vient de passer un test de dépistage du sida, une démarche qui n’a pas semblé briser de tabou dans ce quartier pourtant très conservateur de Salé, au Maroc.
Dans le royaume, où toute relation sexuelle hors mariage ainsi que l’adultère sont punis par la loi, quelque 29.000 personnes sont porteurs du VIH, selon des chiffres de l’Organisation panafricaine de lutte contre le sida (Opals) datant de 2011. Surtout, 80% des séropositifs ignorent être infectés, d’après cette association créée en 1994 et qui compte 19 sections dans le pays.
Si la prévalence reste faible sur le plan national (0,1%), indique l’Opals, l’épidémie est concentrée sur les deux régions les plus touristiques: Agadir (sud-ouest) et Marrakech (sud).
En d’autres lieux, le conservatisme religieux pourrait rendre délicats prévention et dépistage, en raison des tabous liés à la sexualité. Mais à Douar Jbala, un fief du parti islamiste Justice et développement (PJD) à Salé (près de Rabat), les responsables de l’Opals à l’origine de la campagne de dépistage paraissent satisfaits.
Les quartiers défavorisés sont « vulnérables » car « le conservatisme et les préjugés y ont la dent dure », relèvent-ils. Pour autant, en cette fin d’hiver, les jeunes femmes sont nombreuses à se présenter, remarque le Dr Zakia Afkari.
« Il y a un engouement, particulièrement de la part des femmes. C’est très important pour nous, ça montre qu’il n’y a plus autant de tabous », assure à l’AFP le médecin, qui supervise cette opération, menée conjointement avec le ministère marocain de la Santé.
Qui plus est, ces jeunes femmes « n’hésitent pas à se présenter seules », note le Dr Afkari avant de rejoindre le camion où des dizaines de personnes patientent tranquillement.
« Pas de honte »
Asmaa, 21 ans, explique avoir franchi le pas « sans trop réfléchir ». Dans sa catégorie d’âge (15-24 ans), 61% des personnes infectées sont des femmes contre 36% pour la tranche 45-54 ans par exemple.
« Je passais par hasard quand j’ai aperçu la banderole invitant les habitants à passer le test du sida. J’ai hésité un moment puis je me suis dirigée vers le camion », raconte-elle.
« Maintenant, je suis contente, je n’ai rien », ajoute la jeune femme, un sourire aux lèvres, en tenant fermement dans sa main le coton qui a servi lors de ce dépistage gratuit et anonyme.
Parmi les dizaines de personnes présentes en ce second jour de campagne, l’embarras n’est pas franchement palpable.
« Pour moi il n’y a pas de honte à se faire dépister contre le sida, il n’y pas de problème, ce n’est pas contre la religion », fait valoir Khadija, 18 ans.
« J’allais au lycée quand un jeune m’a dit +tu veux faire un test du sida gratuit?+ J’ai alors répondu +pourquoi pas?+ », ajoute-t-elle.
La cinquantaine passée, une barbe naissante et un petit bonnet flottant sur la tête, un homme avance toutefois à pas hésitants en direction des affiches de l’Opals.
« Allez-y monsieur! », lance Khadija Ouazzani, l’une des organisatrices. « Vous pouvez en quelques minutes savoir si vous avez le sida ou une maladie vénérienne. C’est gratuit et anonyme », insiste-t-elle. L’homme finit par rejoindre le camion-laboratoire.
« Il n’y a pas 36 solutions, affirme Mme Ouazzani. « Il faut se déplacer vers ces populations pauvres et vulnérables pour les toucher et les sensibiliser », clame-t-elle. 

AFP 

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