samedi, décembre 21, 2024
AccueilNon classéMali: les bars rouvrent à Gao, "cette bière c'est grâce à François...

Mali: les bars rouvrent à Gao, "cette bière c'est grâce à François Hollande"

Mali: les bars rouvrent à Gao,
Des hommes qui se réunissent au crépuscule pour boire une bière non loin du fleuve Niger. Cette scène fait à nouveau partie du quotidien de Gao, la plus grande ville du nord du Mali, où les habitants s’empressent d’effacer les signes de neufs mois d’occupation islamiste. 

Murs en terre rouge, chaises blanches et bières « 33 export » tièdes: Le « petit Dogon » a rouvert cette semaine après des mois d’une fermeture imposée par les jihadistes.
Dimanche soir, une dizaine d’habitants de Gao sont là. Un soldat malien, kalachnikov entre les jambes, écusson « France » sur la poitrine, écoute de la musique sur son téléphone portable dont le fond d’écran figure une jeune femme aux seins nus. Yehia Maïga, un transporteur routier de 33 ans, savoure sa bière et sa cigarette: « cette bière c’est grâce à François Hollande! », dit-il.
Comme beaucoup de monde à Gao, le gérant du Petit Dogon a fui la ville après l’arrivée des islamistes, pour se réfugier plus au sud, à Sévaré. Plus d’un mois après l’arrivée des Français et la « libération » de Gao, il n’est toujours pas revenu mais un ami a pris la relève. « Même si on n’était pas près, on s’est dit +il faut rouvrir pour montrer que tout est terminé+ » explique Moussa Traoré avant de s’esclaffer: « Liberté! Adieu les terroristes! ».
Près du marché arabe, un autre bar, le Thilephanso, a rouvert tout de suite après le départ des jihadistes. Mais même un samedi soir à 19h00, à deux heures du couvre-feu, il n’y a personne sur la terrasse entourée de petites pièces qui servaient jadis de salles de passes pour les prostituées.
Il y a un an, avant que le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA, rébellion touareg), puis les islamistes du Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) ne s’installent en ville, une dizaine de bars et restaurants animaient les soirées de Gao: l’Euro, le Bardji, le Bon Séjour…
Entre les deux, il a fallu faire sans alcool. Ousmane, un ancien instituteur qui a vécu ces mois de charia (loi islamique) explique: « Au début, on cachait l’alcool dans des bidons d’huile ou au milieu de sacs de charbon et on buvait ça en privé mais ça n’a pas tenu, il y a eu des coups de fouets ».
« Vive la Frans »

Mali: les bars rouvrent à Gao,
Au delà des bars qui ressuscitent timidement, les habitants de Gao s’emploient à tourner la page de l’occupation, à coups de pinceaux. Depuis des semaines, Yacouba Maïga, un conseiller municipal, a répandu sur les murs et les panneaux de la ville les 80 kilos de peinture achetés avec d’autres élus. Objectif: masquer les messages islamistes écrits un peu partout par les Mujao.
L’inscription surmontant « la place de la Charia » a été repeinte en blanc. A l’entrée de la ville, le message de « bienvenue à l’Etat islamique Gao » a été corrigé en « Etat malien ». Et les dizaines de messages portant sur Dieu et son prophète Mahomet ont presque tous été recouverts.
« Il m’en reste deux à faire. Il me manque de la peinture », s’amuse M. Maïga. Gao est devenu une ville aux panneaux blancs où les drapeaux français et même des « Vive la Frans » ont bourgeonné sur les murs.
« Avec les attaques et les kamikazes qu’il y a eu, (en février, quand des jihadistes ont mené des raids en ville, ndlr), les gens se demandaient si la ville avait vraiment été reprise. Psychologiquement c’était important de leur montrer que, oui, nous sommes libres », dit l’élu avant d’évoquer un autre signe, « très difficile à faire disparaître: la burka ».
De force, femmes et petites filles ont dû porter le voile avec les Mujao. « Au début elles ont été traumatisées et puis elles ont pris l’habitude », note la lieutenant colonel Nema Sagara, une gradée malienne chargé du contact avec la population. Pour l’enlever, « ça prendra du temps mais elles sont en train de prendre confiance ».
Il y a encore quelques semaines, petites filles et petits garçons étaient séparés dans les écoles. « Les Mujao avaient divisé les classes, comme dans le bus où ils avaient mis des traverses. Tout ça c’est fini, c’est de l’histoire », assure Abdramane Cisse, fonctionnaire à Gao.
Il y a aussi les stigmates qui ne disparaîtront pas: les amputations pratiquées au nom de la charia. Difficile de savoir combien ont été punis ainsi. Une poignée, selon les témoignages.
A un carrefour de la rue 381, Ibrahim Drissa vend des babioles à un stand. Depuis une semaine, il y a des cigarettes. « Avant tu te faisais taper pour ça », dit-il. Il vend deux marques: des « American Legend » et des « Liberté ». 

AFP 

RELATED ARTICLES

Most Popular

Recent Comments