Un juge français a été chargé d’instruire la plainte pour « enlèvement, séquestration, traitements inhumains et dégradants », déposée en juin 2012 par le fils de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, Michel Gbagbo, détenu en Côte d’Ivoire, a annoncé lundi son avocate.
« A la suite du dépôt de plainte avec constitution de partie civile de Michel Gbagbo à l’encontre de Guillaume Soro et des 10 Com’zones (commandants de zone) qui sévissent en toute impunité en Côte d’Ivoire, la justice française a désigné un juge d’instruction afin de faire la lumière sur les graves sévices dont il a été victime », a annoncé Habiba Touré dans un communiqué.
Michel Gbagbo, 42 ans, qui possède aussi la nationalité française, avait été arrêté avec son père le 11 avril 2012 à Abidjan, au moment de sa chute. Il est accusé d’infractions économiques, dont le détournement de deniers publics.
La plainte vise l’ancien Premier ministre Guillaume Soro, aujourd’hui président de l’Assemblée nationale ivoirienne et neuf commandants des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI).
« Il s’agit d’une grande victoire pour le fils du président Gbagbo, enlevé, séquestré et molesté en raison de son patronyme (…). Le temps de l’impunité est révolu », selon Me Touré.
Michel Gbagbo avait déjà déposé une plainte simple à Paris en novembre 2011, mais le procureur de la République avait décidé de ne pas engager de poursuites. Un dépôt de plainte avec constitution de partie civile entraîne automatiquement la saisine d’un juge d’instruction.
Selon ses proches, Michel Gbagbo était jusqu’à la chute de son père enseignant et consultant pour un comité gouvernemental chargé d’organiser le retour des personnels de l’Etat dans les zones abandonnées pendant le conflit inter-ivoirien en 2002.
La Côte d’Ivoire a été plongée de décembre 2010 à avril 2011 dans une crise née du refus de Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite à la présidentielle de novembre 2010 face à M. Ouattara. La crise a fait quelque 3.000 morts.
L’ancien président, âgé de 67 ans, est actuellement détenu à La Haye par la Cour pénale internationale (CPI), qui le soupçonne d’être « co-auteur indirect » de crimes contre l’humanité durant ces événements. Il est le premier ex-chef d’Etat remis à la CPI.
AFP