samedi, décembre 21, 2024
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Ultime adresse de Benoît XVI aux fidèles: "je ne serai plus pape mais pèlerin"

Ultime adresse de Benoît XVI aux fidèles:
Benoît XVI, premier souverain pontife à abdiquer depuis 700 ans, s’est adressé pour l’ultime fois à la foule, jeudi à Castel Gandolfo, près de Rome, annonçant devant des fidèles enthousiastes qu’il ne sera « plus pape mais pèlerin ».
Moins de trois heures avant sa démission, le pape a quitté le Vatican à bord d’un hélicoptère blanc, orné d’un fanion aux couleurs du Saint-Siège, pour la résidence d’été de Castel Gandolfo où il passera les deux prochains mois.
Les cloches de Rome se sont mises à sonner à toute volée au moment où l’hélicoptère décollait au-dessus de la somptueuse basilique Saint-Pierre.
Au même moment, le pape postait son ultime tweet sur son compte @pontifex. « Mettez le Christ au centre de vos vies ». « Merci pour votre amour et pour votre soutien », a-t-il écrit trois heures avant l’entrée en vigueur de sa démission historique.
Dans la cour Saint-Damase et devant une cinquantaine de gardes suisses au garde-à-vous, des cardinaux, prêtres et tous ses collaborateurs proches ont salué Joseph Ratzinger, certains s’agenouillant pour baiser son anneau, et l’ont applaudi.
Frêle et vouté, s’appuyant sur une canne et marchant à pas lents, le pape a esquissé un léger sourire et salué l’assistance de la main.
Moins de vingt minutes plus tard, le pape est arrivé à Castel Gandolfo où il s’est aussitôt rendu au balcon central de la villa, acclamé par des milliers de fidèles enthousiastes qui brandissaient des petits drapeaux. Sur une maison du village, des lettres géantes proclamaient « Merci Benoît, nous sommes tous avec toi! ».
Pour son ultime apparition en public en tant que pape, Benoît XVI a commis un léger lapsus: « je ne suis plus pape », a-t-il commencé avant de se reprendre. A 20H00 (19H00 GMT), « je ne serai plus pape, mais seulement un pèlerin qui entame l’ultime étape de son pèlerinage sur terre ».

Ultime adresse de Benoît XVI aux fidèles:
Le pape Benoît XVI laisse à son successeur, à qui il a promis « obéissance inconditionnelle », la charge de reprendre en main une Eglise soumise à des défis sans précédent.
Le pape allemand, 85 ans, qui ne se sentait plus à même d’assumer le poids de sa charge, avait annoncé sa démission le 11 février à la surprise générale. A un moment où l’Eglise catholique est confrontée à la fois à une contestation interne, à la persécution des chrétiens dans le monde, à de multiples enjeux éthiques et à des scandales de toutes sortes en son sein.
Le dernier départ d’un pape de son vivant et de sa pleine volonté remonte au Moyen Age, en 1294, lorsque Célestin V, humble ermite, avait démissionné, dépassé par la corruption et les intrigues après seulement quelques mois à la tête de l’Eglise.
« J’ai franchi ce pas dans la pleine conscience de sa gravité et aussi de sa nouveauté, mais aussi dans une grande sérénité d’âme », avait dit Joseph Ratzinger mercredi devant une foule émue place Saint-Pierre. Se retirant « dans la prière et la réflexion », il a assuré qu’il resterait aux côtés des 1,2 milliard de catholiques répartis dans le monde.
En fin de matinée jeudi, dans la solennelle Salle Clémentine, plus d’une centaine de cardinaux venus de la Curie et des cinq continents, dont ceux qui, âgés de moins de 80 ans, participeront à l’élection de son successeur, ont salué un à un le pape.
« Parmi vous se trouve le prochain pape, auquel je promets déférence et obéissance inconditionnelles », leur a-t-il promis dans une brève allocution, assurant qu’il serait proche d’eux « par la prière » au prochain Conclave. Plus tard, le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi, a insisté sur cette promesse d’obéissance, une « démarche très originale » qui prouve que Joseph Ratzinger n’a « aucune intention d’interférer » dans les décisions de son successeur.
Des plus jeunes, comme l’archevêque de Manille, Luis Antonio Tagle, aux plus âgés de 90 ans et plus, 144 cardinaux ont défilé devant Benoît XVI, certains en pleurs ou au bord des larmes.
Joseph Ratzinger a parlé à nouveau de « moments très beaux et de moments où il y a eu quelques nuages dans le ciel », pendant ses huit ans de pontificat.

Ultime adresse de Benoît XVI aux fidèles:
Son règne a été ponctué de controverses, notamment sur la levée de l’excommunication d’un évêque révisionniste, mais surtout le scandale des centaines d’actes pédophiles commis par des prêtres que la hiérarchie a parfois protégés. Plus récemment, le scandale Vatileaks a révélé de nouvelles intrigues au Vatican, tandis que la presse évoquait la présence d’un prétendu « lobby gay ».
Le futur pape devra « prendre la Curie en mains », a estimé le cardinal belge Godfried Danneels, tandis que le cardinal George Pell, chef de l’Eglise australienne, a été ouvertement critique, déplorant la décision « déstabilisante » de Benoît XVI.
« Le gouvernement n’était pas (le) point fort. Je préfère quelqu’un qui puisse mener l’Eglise et la rassembler un peu », a-t-il déclaré à la télévision australienne, en regrettant le scandale des fuites « Vatileaks » qui a jeté le discrédit sur la Curie romaine.
Le prélat béninois Barthélémy Adoukounou, ancien élève de Benoît XVI et numéro deux de « ministère » de la Culture du Saint-Siège, a affirmé à Radio Vatican que le nouveau pape aurait à s’opposer à plusieurs évolutions, selon lui, inquiétantes : « la volonté de construire le monde en tout comme si Dieu n’existait pas, de formater l’homme », ainsi que celle de « casser la famille et de détruire la nature ».
S’adressant aux cardinaux, Benoît XVI, avec sur les épaules la mosette (courte pèlerine) rouge bordée de fourrure blanche, leur a souhaité d’être « un orchestre » dont « les diversités concourent à l’harmonie » de la réalité plus élevée de l’Eglise. Il leur a exprimé ses remerciements pour leur « proximité », leurs « conseils » et leur « grande aide ».
A 19H00 GMT prendra effet officiellement sa démission. Seule manifestation concrète de cette fin de règne: les gardes suisses montant la garde devant le porche de Castel Gandolfo lèveront le camp.
L’ex-pape prendra alors comme titre officiel « Sa Sainteté Benoît XVI, pape émérite ». Des scellés seront posés sur les appartements pontificaux au Vatican, en attendant le prochain occupant.
A Castel Gandolfo, des fidèles allumeront des flambeaux, d’autres réciteront le rosaire accompagnés de textes du pape théologien, ou feront un petit pèlerinage à pie
d depuis le lac d’Albano à deux kilomètres en contrebas, selon Radio Vatican.
La prise d’effet de sa démission ouvrira la fameuse période du « siège vacant », pendant laquelle le cardinal camerlingue assurera l’interrègne. Cette lourde tâche incombera au fidèle secrétaire d?État de Joseph Ratzinger, le cardinal Tarcisio Bertone.
Le pape émérite devrait rester environ deux mois à Castel Gandolfo, loin du brouhaha médiatique qui entourera le conclave chargé d’élire son successeur mi-mars. Le Vatican a déjà reçu pas moins de 3.641 demandes d’accréditations de 668 médias venant de 61 pays.
Lorsqu’il rentrera au Vatican fin avril, Joseph Ratzinger s’installera dans un ancien monastère niché en hauteur dans les jardins, où il pourra croiser peut-être son successeur et voisin. Une cohabitation inédite. 

AFP 

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