jeudi, avril 25, 2024
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Edem Dorkendo : Le maitre du cigare

Faire du cigare une histoire et un art de vivre en Afrique, en commençant par le Togo, c’est le pari dans lequel s’est lancé Edem Dorkendo. Découverte.

Le hasard fait bien les choses, dit-on. C’est par le plus curieux des hasards qu’Edem Dorkendo fait sa première rencontre avec le cigare. Une rencontre qu’il l’a tellement marqué qu’il a décidé d’ouvrir, avec son associé Krishna Lalwani un bar à cigares dans la capitale togolaise. Il raconte : « Avant de découvrir le cigare, je ne fumais pas du tout. Ni cigarette ni autre chose. C’est un ami qui avait décidé de fumer un cigare le jour où il deviendrait papa. Lorsque ce jour arrive, nous nous retrouvons chez lui pour le féliciter. Mais lui n’a pas envie de fumer alors qu’il avait promis de le faire et de nous le faire découvrir. Je décide donc d’en essayer un. » Dès les premières bouffées, il ne se sent pas bien. Il se fait porter pâle à des rendez-vous et garde le lit. Mais au fond de lui, la curiosité monte. Dorkendo décide alors d’étudier le tabac contenu dans le cigare. Et c’est la révélation, la naissance d’une passion !

Non pas pour frimer comme font les nouveaux riches, il décide de connaitre les profondeurs de cette industrie. Il se découvre amateur de cette culture cubaine qui était reconnue pour la grande qualité de ses cigares. Il veut en fumer mais surtout faire connaitre cet art de vivre. Sur une boite de cigares, il remarque une adresse. Avec son compère Lalwani, ils écrivent à la société Habano basée à Cuba. Ils ne sont pas pris au sérieux. Pour les décourager, on leur répond qu’il faut un investissement de départ de 30.000 dollars. Tant bien que mal les associés réussissent à réunir la somme et passent leur première commande. Ils se mettent à partager leur trouvaille avec des amis, des collègues et certains curieux.

Le coût d’essai se révélant un coup de maître, voici qu’ils décident d’ouvrir la Civette, le premier bar à cigares de Lomé. « Au début, on ne comptait pas en faire un business. Chacun d’entre nous a son boulot ; on voulait partager une passion. » Mais les résultats sont au-delà de leurs espérances. Le tout Lomé des cadres et de la jet-set se donne désormais rendez-vous dans son bar qui est devenu un lieu incontournable au Togo. De salons en expositions, de séminaires en conférences, Dorkendo apprend les ficelles du cigare. Il en connait des tonnes sur le bout des doigts. Et il est aussi de très bon conseil pour ses clients. Selon la période de la journée, la boisson que vous consommez ou le repas que vous prenez, il vous dira lequel fumer.

Ce qui était au départ une simple découverte devient, en 6 ans, une affaire qui tourne. Hormis Habano, la société Davidoff commence aussi à s’intéresser à eux. Ils sont devenus tellement connaisseurs qu’ils ont exploré et découvert de nouvelles saveurs dans d’autres contrées d’Amérique du Sud. La Civette est aujourd’hui la référence en la matière. Deux splits sont chargés de maintenir les matières à la bonne température. La qualité est un maître-mot à la Civette. Ils ont embauché du personnel dont Célia et Rose, présentes lors de notre visite. D’ailleurs, précise-t-il, « le tabac du cigare est naturel, sans produit chimiques. Il est de ce fait beaucoup moins toxique que la cigarette. Nos produits sont traçables, on sait d’où ils viennent et comment ils sont fabriqués. Nous les choisissons avec soin par respect de nos clients qui sont devenus des amis. » Ecouter Edem Dorkendo passer en revue les différentes sortes de cigares, faire l’historique de tel ou tel produit est un régal pour les oreilles.

L’homme qui a étudié et vécu en France, rentré au Togo en 2012, ne regrette pas son choix. D’autant plus qu’avec son activité, il a conquis le Bénin, pas loin, et a des clients qui viennent du Ghana, en attendant une prochaine ouverture de bar à Accra. Certains de ceux qui ne croyaient pas en leur projet, veulent désormais les imiter. Sauf que, devenus franchisés, c’est par eu qu’il faut passer. La réponse du berger à la bergère, en somme. La Civette compte de plus en plus de visiteurs grâce au talent de ses promoteurs. Ils ont osé et sont récompensés. Pour autant, même galvanisés par le succès, ils ne voudraient surtout pas dormir sur leurs lauriers. Ils ont encore des projets plein la tête. Et on les comprend. Le cigare, art de vivre au Togo, c’est une réalité !

Malick Daho pour Diasporas-News

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