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SIAF: Interview d’ISSAM CHLEUH, CEO DE SUGUBA « Donnez du pouvoir aux jeunes»

Jeune, beau, doté d’un très bon entregent et la tête bien pleine, Issam Chleuh est le directeur exécutif et co-fondateur de SUGUBA (NDLR: grand marché en langue Bambara.). Cet ancien de CNN et désigné par le magazine Forbes parmi les 30 promoteurs entrepreneurs dans le monde en 2014, 2015 et 2016, s’ouvre à Diasporas-News afin de préciser l’idée SUGUBA et les perspectives poursuivies par cette plateforme, à l’issue du 1er sommet des investisseurs de l’Afrique francophone.

Diasporas-News : Pourriez-vous nous décrire votre structure SUGUBA?

Issam CHLEUH : Cette plateforme a pour mission de renforcer les écosystèmes entrepreneurials en Afrique de l’Ouest. Nous avons pour objectif d’augmenter la part du commerce régional en Afrique de l’Ouest. Aujourd’hui, nous africains, n’échangeons qu’à hauteur de 14%, entre nous. 86% de nos échanges se font avec le reste du monde au travers de nos matières premières non transformées. Ce qui nous désavantage. Donc SUGUBA entend renforcer les écosystèmes dans nos régions, de sorte que les entrepreneurs puissent échanger davantage entre eux. Pour illustrer cela, prenez une PME ou startup au Mali qui produit des mangues. Elle s’associe à une entreprise start-up au Sénégal ou en Côte d’Ivoire qui transforme les mangues en jus ou en confiture. (Cela crée de la valeur ajoutée au niveau régional). C’est comme ça que l’on contribue à une création de valeur et de richesse et à un développement socio-économique de notre sous-région.

Le mandat de Suguba est donc d’essayer de développer cet écosystème régional. Il faut que les entrepreneurs et partenaires se projettent à un niveau régional afin que le Mali, le Sénégal et la Côte d’Ivoire qui sont les 3 pays où nous avons décidé d’opérer et qui ne représentent que 16% du marché nigérian, constituent un seul et « grand marché » pour avoir une voix face aux investisseurs, pour qui le critère déterminant est la taille du marché.

D-N : Comment avez-vous pu mettre en œuvre une telle idée?

I.C : Nous avons été lancé avec une subvention d’un demi-million d’euros du gouvernement hollandais, il y a un an, pour la mise en place d’un incubateur et d’un centre de PME au Sénégal, en Côte d’Ivoire, mais aussi pour renforcer les capacités du centre que nous avions mis en place à Bamako, il y a trois ans. D’ailleurs ce programme prend fin cet été. Concrètement, nous sommes leaders au Mali, au Sénégal et bientôt en Côte d’Ivoire en termes de livraisons de services et d’interventions pour renforcer la capacité des entrepreneurs.

D-N : Parlez-nous du programme « Afrique Excelle » que vous initiez également

I.C : Il s’agit du plus grand programme d’accélérateur de l’Afrique francophone qui consiste à sélectionner les 20 meilleures startups dans le numérique pour les aider à lever entre 250 mille et 5 millions $ chacune. Pour la première édition de ce programme à Bamako qui s’est clôturé avec le SIAF, nous avons retenu 10 des 20 entreprises pour les inviter à la finale du programme « Afrique Excelle » qui se tiendra en France du 14 au 18 mai 2019 entre Paris et Marseille, avec une clôture à Vivatech à Paris. Ces entrepreneurs présenteront au cours d’un speech leurs projets, pour essayer de décrocher le financement ou l’appui dont elles ont besoin.

D-N : À l’ouverture du sommet votre cri du cœur « Donnez le pouvoir aux jeunes » était-il particulièrement adressé au gouvernement malien? Quelles sont les difficultés que vous avez identifiées au point de lancer un tel appel ?

I.C : Pour parler spécifiquement du Mali, nous sommes le 3ème pays le plus jeune au monde. Actuellement notre pays traverse une crise sans précédent. La tragédie récente (NDLR: 160 personnes massacrées dans un village Peulh, au nord Mali) nous interpelle en tant que jeunes.

Nous vivons dans un double monde : d’un côté, nous avons les jeunes qui se donnent à fond pour pouvoir enrayer les problématiques auxquelles nos pays font face ; et de l’autre côté, nous avons l’environnement politique et institutionnel qui détient le pouvoir. Alors pour faire face à la crise qui touche nos pays, est-ce que nos gouvernements ont besoin d’aide ? Oui, nous le pensons. Nous voulons leur faciliter le travail. Et c’est la raison pour laquelle je dis « transférez-nous du pouvoir ». Si nous la jeunesse avons une partie des responsabilités, vous aurez des progrès très rapidement car nous en avons les compétences.  

Propos recueillis par Georges-Eden BOBIA, paru dans le Diasporas-News n°105 d’Avril 2019

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