mercredi, avril 24, 2024
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Al-Qaïda: un opposant et homme d'influence dans le collimateur de Nouakchott

Al-Qaïda: un opposant et homme d'influence dans le collimateur de Nouakchott
Le mandat d’arrêt international émis contre Moustapha Ould Limam Chafi pour soutien à Al-Qaïda au Sahel marque une étape dans la lutte entre le régime mauritanien et cet opposant, qui est aussi un homme-clé en Afrique de l’Ouest, notamment pour les libérations d’otages. Le parquet de Nouakchott a lancé mercredi un mandat d’arrêt international contre lui et trois autres Mauritaniens, « membres influents d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) », pour « financement du terrorisme » et appui « à des groupes terroristes » au Sahel.
Or, Moustapha Chafi est connu pour son rôle décisif dans les négociations pour la libération de plusieurs Occidentaux enlevés ces dernières années par Aqmi, qui sévit dans toute la bande sahélo-saharienne.
Arrivé au pouvoir en 2008 par un coup d’Etat avant d’être élu démocratiquement, le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, dont le pays subit les menées d’Aqmi, se pose en tenant de la fermeté face aux jihadistes, avec le soutien de ses alliés occidentaux, la France en particulier.
Mais Moustapha Chafi n’a pas de mots assez durs pour ce chef d’Etat dont il réclame publiquement le départ: il fustigeait récemment son « échec » dans la « lutte contre le terrorisme ».
Après ce mandat d’arrêt qui porte selon lui « une diffamation inacceptable », l’opposant a annoncé vendredi soir à l’AFP qu’il allait déposer une « plainte contre Aziz » à l’étranger. « Tous les dictateurs ont accusé leurs opposants de terrorisme », a-t-il lancé.
La coordination de l’opposition mauritanienne a dénoncé une « instrumentalisation abjecte de la justice » pour « réprimer les opposants ».
« C’est un problème mauritano-mauritanien. Aziz veut régler un vieux contentieux », affirme une source sécuritaire à la présidence du Burkina Faso.
Mais le « problème » va bien au-delà des frontières de la Mauritanie, vu le profil de Moustapha Chafi.
Agé de 53 ans, celui qui est aussi un homme d’affaires prospère est décrit dans les capitales ouest-africaines comme un « missi dominici » au carnet d’adresses impressionnant.
Son réseau va du Niger à la Côte d’Ivoire, où il passe beaucoup de temps auprès du Premier ministre Guillaume Soro, et au Mali, entre autres. Hors Afrique de l’Ouest, ses connexions vont du Maroc au Darfour (Soudan) ou encore au Rwanda.
Mais il est d’abord un fidèle du président burkinabè Blaise Compaoré, et a sa maison et sa famille à Ouagadougou.
« Son +boss+, c’est Blaise », insiste un diplomate occidental, qui évoque le « côté sulfureux » de Moustapha Chafi: « il pêche en eaux troubles, il est par exemple directement lié à la rébellion qui a tenté un putsch en 2002 en Côte d’Ivoire ».
Si ce bon vivant n’a pas l’allure d’un « émir » islamiste, ses détracteurs l’accusent pourtant depuis longtemps de collusion avec les jihadistes, notamment de détournement de rançon.
« L’accusation de terrorisme contre ce laïc patenté est fantaisiste », réplique l’un de ses proches, pour qui le mandat d’arrêt ira « à la poubelle » comme un précédent délivré contre lui par le régime du président mauritanien Maaouiya Ould Taya (1984-2005), qui l’accusa en 2004 de participation à une tentative de « coup d’Etat ».
Dans les pays africains les plus régulièrement visités par cet émissaire multicartes, on observe la prudence après le mandat d’arrêt, disant ne pas l’avoir encore reçu officiellement.
Mais l’initiative de Nouakchott peut embarrasser des pays comme la France et l’Espagne, qui « souhaitent ardemment la participation de Chafi aux négociations pour la libération de leurs ressortissants », avance un médiateur malien.
Au total, douze Européens, dont six Français, sont retenus dans le Sahel par Aqmi et un groupe présenté comme dissident, le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest, jusqu’alors inconnu.
Cette semaine, selon des sources concordantes, Moustapha Chafi se trouvait d’ailleurs à Bamako pour discuter, entre autres, du dossier des otages.

AFP

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